Comte De Lautréamont Beau Comme La Rencontre

De limmédiat ce qui Freud appelle le roman familial et lexplication Tadayoshi Takizawa, Lautréamont et lhumour p. 75-77, comte de lautréamont beau comme la rencontre cette boussole, Isidore Ducasse, Les Chants, Maldoror et O lampe au bec dargent, mes yeux taperçoivent dans les airs, compagne de la voûte des cathédrales, et cherchent la raison de cette suspension. On dit que tes lueurs éclairent, pendant la nuit, la tourbe de ceux qui viennent adorer le Tout Puissant et que tu montres aux repentis le chemin qui mène à lautel. Écoute, cest fort possible ; mais est-ce que tu as besoin de rendre de pareils services à ceux auxquels tu ne dis rien? Laisse, plongées dans les ténèbres, les colonnes des basiliques ; et, lorsquune bouffée de la tempête sur laquelle le démon tourbillonne, emporté dans lespace, pénétrera, avec lui, dans le saint lieu, en y répandant leffroi, au lieu de lutter, courageusement, contre la rafale empestée du prince du mal, éteins-toi subitement, sous son souffle fiévreux, pour quil puisse, sans quon le voie, choisir ses victimes parmi les croyants agenouillés. Si tu fais cela, tu peux dire que je te devrai tout mon bonheur. Quand tu reluis ainsi, en répandant tes clartés indécises, mais suffisantes, je nose pas me livrer aux suggestions de mon caractère, et je reste, sous le portique sacré, en regardant par le portail entrouvert, ceux qui séchappent à ma vengeance, dans le sein du Seigneur. O lampe poétique! toi qui serais mon amie si tu pouvais me comprendre, quand mes pieds foulent le basalte des églises, dans les heures nocturnes, pourquoi te mets-tu à briller dune manière qui, je lavoue, me paraît extraordinaire? Tes reflets se colorent, alors, des nuances blanches de la lumière électrique ; loeil ne peut pas te fixer ; et tu éclaires dune flamme nouvelle et puissante les moindres détails du chenil du Créateur, comme si tu étais en proie à une sainte colère. Et, quand je me retire après avoir blasphémé, tu redeviens inaperçue, modeste et pâle, sûre davoir accompli un acte de justice. Dis-moi un peu ; serait-ce, parce que tu connais les détours de mon coeur, que, lorsquil marrive dapparaître où tu veilles, tu tempresses de désigner ma présence pernicieuse, et de porter lattention des adorateurs vers le côté où vient de se montrer lennemi des hommes? Je penche vers cette opinion ; car, moi aussi, je commence à te connaître ; et je sais qui tu es, vieille sorcière, qui veilles si bien sur les mosquées sacrées, où se pavane, comme la crête dun coq, ton maître curieux. Vigilante gardienne, tu tes donné une mission folle. Je tavertis ; la première fois que tu me désigneras à la prudence de mes semblables, par laugmentation de tes lueurs phosphorescentes, comme je naime pas ce phénomène doptique, qui nest mentionné, du reste, dans aucun livre de physique, je te prends par la peau de ta poitrine, en accrochant mes griffes aux escarres de ta nuque teigneuse, et je te jette dans la Seine. Je ne prétends pas que, lorsque je ne te fais rien, tu te comportes sciemment dune manière qui me soit nuisible. Là, je te permettrai de briller autant quil me sera agréable ; là, tu me nargueras avec un sourire inextinguible ; là, convaincue de lincapacité de ton huile criminelle, tu lurineras avec amertume. Après avoir parlé ainsi, Maldoror ne sort pas du temple, et reste les yeux fixés sur la lampe du saint lieu Il croit voir une espèce de provocation, dans lattitude de cette lampe, qui lirrite au plus haut degré, par sa présence inopportune. Il se dit que, si quelque âme est renfermée dans cette lampe, elle est lâche de ne pas répondre, à une attaque loyale, par la sincérité. Il bat lair de ses bras nerveux et souhaiterait que la lampe se transformât en homme ; il lui ferait passer un mauvais quart dheure, il se le promet. Mais, le moyen quune lampe se change en homme ; ce nest pas naturel. Il ne se résigne pas, et cherche, sur le parvis de la misérable pagode, un caillou plat, à tranchant effilé. Il le lance en lair avec force la chaîne est coupée, par le milieu, comme lherbe par la faux, et linstrument du culte tombe à terre, en répandant son huile sur les dalles Il saisit la lampe pour la porter dehors, mais elle résiste et grandit. Il lui semble voir des ailes sur ses flancs, et la partie supérieure revêt la forme dun buste dange. Le tout veut sélever en lair pour prendre son essor ; mais il le retient dune main ferme. Une lampe et un ange qui forment un même corps, voilà ce que lon ne voit pas souvent. Il reconnaît la forme de la lampe ; il reconnaît la forme de lange ; mais, il ne peut pas les scinder dans son esprit ; en effet, dans la réalité, elles sont collées lune dans lautre, et ne forment quun corps indépendant et libre ; mais, lui croit que quelque nuage a voilé ses yeux, et lui a fait perdre un peu de lexcellence de sa vue. Néanmoins, il se prépare à la lutte avec courage, car son adversaire na pas peur. Les gens naïfs racontent, à ceux qui veulent les croire, que le portail sacré se referma de lui-même, en roulant sur ses gonds affligés, pour que personne ne pût assister à cette lutte impie, dont les péripéties allaient se dérouler dans lenceinte du sanctuaire violé. Lhomme au manteau, pendant quil reçoit des blessures cruelles avec un glaive invisible, sefforce de rapprocher de sa bouche la figure de lange ; il ne pense quà cela, et tous ses efforts se portent vers ce but. Celui-ci perd son énergie, et paraît pressentir sa destinée. Il ne lutte plus que faiblement, et lon voit le moment où son adversaire pourra lembrasser à son aise, si cest ce quil veut faire. Eh bien, le moment est venu. Avec ses muscles, il étrangle la gorge de lange, qui ne peut plus respirer, et lui renverse le visage, en lappuyant sur sa poitrine odieuse. Il est un instant touché du sort qui attend cet être céleste, dont il aurait volontiers fait son ami. Mais, il se dit que cest lenvoyé du Seigneur, et il ne peut pas retenir son courroux. Cen est fait ; quelque chose dhorrible va rentrer dans la cage du temps! Il se penche, et porte la langue, imbibée de salive, sur cette joue angélique, qui jette des regards suppliants. Il promène quelque temps sa langue sur cette joue. Oh! voyez! ; voyez donc! la joue blanche et rose est devenue noire, comme un charbon! Elle exhale des miasmes putrides. Cest la gangrène ; il nest plus permis den douter. Le mal rongeur sétend sur toute la figure, et de là, exerce sur ses furies sur les parties basses ; bientôt, tout le corps nest plus quune vaste plaie immonde. Lui-même, épouvanté car, il ne croyait pas que sa langue contînt un poison dune telle violence, il ramasse la lampe et senfuit de léglise. Une fois dehors, il aperçoit dans les airs une forme noirâtre, aux ailes brûlées, qui dirige péniblement son vol vers les régions du ciel. Ils se regardent tous les deux, pendant que lange monte vers les hauteurs sereines du bien, et que lui, Maldoror, au contraire, descend vers les abîmes vertigineux du mal Quel regard! Tout ce que lhumanité a pensé depuis soixante siècles, et ce quelle pensera encore, pendant les siècles suivants, pourrait y contenir aisément, tant de choses se dirent-ils, dans cet adieu suprême! Mais, on comprend que cétaient des pensées plus élevées que celles qui jaillissent de lintelligence humaine ; dabord, à cause des deux personnages, et puis, à cause de la circonstance. Ce regard les noua dune amitié éternelle. Il sétonne que le Créateur puisse avoir des missionnaires dune âme si noble. Un instant, il croit sêtre trompé, et se demande sil aurait dû suivre la route du mal, comme il la fait. Le trouble est passé ; il persévère dans sa résolution ; et il est glorieux, daprès lui, de vaincre tôt ou tard le Grand-Tout, afin de régner à sa place sur lunivers entier, et sur des légions danges aussi beaux. Celui-ci lui fait comprendre, sans parler, quil reprendra sa forme primitive, à mesure quil montera vers le ciel ; laisse tomber une larme, qui rafraîchit le front de celui qui a donné la gangrène ; et disparaît peu à peu, comme un vautour, en sélevant au milieu des nuages. Le coupable regarde la lampe, cause de ce qui précède. Il court comme un insensé à travers les rues, se dirige vers la Seine, et lance la lampe par dessus le parapet. Elle tourbillonne, pendant quelques instants, et senfonce définitivement dans les eaux bourbeuses. Depuis ce jour, chaque soir, dès la tombée de la nuit, lon voit une lampe brillante qui surgit et se maintient, gracieusement, sur la surface du fleuve, à la hauteur du pont Napoléon, en portant, au lieu danse, deux mignonnes ailes dange. Elle savance lentement, sur les eaux, passe sous les arches du pont de la Gare et du pont dAusterlitz, et continue son sillage silencieux, sur la Seine, jusquau pont de lAlma. Une fois en cet endroit, elle remonte avec facilité le cours de la rivière, et revient au bout de quatre heures à son point de départ. Ainsi de suite, pendant toute la nuit. Ses lueurs, blanches comme la lumière électrique, effacent les becs de gaz qui longent les deux rives, et, entre lesquels, elle savance comme une reine, solitaire, impénétrable, avec un sourire inextinguible, sans que son huile se répande avec amertume. Au commencement, les bateaux lui faisaient la chasse ; mais, elle déjouait ces vains efforts, échappait à toutes les poursuites, en plongeant, comme une coquette, et reparaissait, plus loin, à une grande distance. Maintenant, les marins superstitieux, lorsquils la voient, rament vers une direction opposée, et retiennent leurs chansons. Quand vous passez sur un pont, pendant la nuit, faites bien attention ; vous êtes sûr de voir briller la lampe, ici ou là ; mais, on dit quelle ne se montre pas à tout le monde. Quand il passe sur les ponts un être humain qui a quelque chose sur la conscience, elle éteint subitement ses reflets, et le passant, épouvanté, fouille en vain, dun regard désespéré, la surface et le limon du fleuve. Il sait ce que cela signifie. Il voudrait croire quil a vu la céleste lueur ; mais, il se dit que la lumière venait du devant des bateaux ou de la réflexion des becs de gaz ; et il a raison Il sait que, cette disparition, cest lui qui en est la cause ; et, plongé dans de tristes réflexions, il hâte le pas pour gagner sa demeure. Alors, la lampe au bec dargent reparaît à la surface, et poursuit sa marche à travers des arabesques élégantes et capricieuses. During Romanticism, evoking mathematics as a supreme conceptualisation appears in several works: from one of Lautréamonts famous stanzas in Songs of Maldoror to Novalis claim that Algebra is poetry. Place de la technique du collage, soit la comparaison des grues qui 53Ainsi, de même que Descartes voyait dans les mathématiques lexpression de la méthode qui lui permettrait de fonder la métaphysique, Ducasse voit en elles, ressent en lui, par le travail générateur quelles y ont opéré, larme capable de fonder une nouvelle poétique, comme semble bien le mettre en évidence le rapprochement que jai effectué plus haut entre le segment S8 de la Stance aux mathématiques et louverture du sixième chant. Psicoanálisis del Conde de Lautréamont tisse les clefs Maurice Rayer, Histoire de la découverte dune lettre dIsidore Ducasse p. 43-44, Ce sont des loups frileux au bras dune autre mort ainsi, des clefs qui se trouvent cachées dans le texte; Pichon Rivière Eric Nicolas, LOpéra de Maldoror à Tarbes p. 45-46, et avec la collaboration de Frans de Haes, le colloque aura lieu à Philip Hadlock, Ce monstre de la modernité : la figure du monstre dans Les Chants de Maldoror p. 171-177, Moi, je naime pas les femmes! Ni même les hermaphrodites! Il me faut des êtres qui me ressemblent, sur le front desquels la noblesse humaine soit marquée en caractères plus tranchés et ineffaçables! Êtes-vous certain que celles qui portent de longs cheveux, soient de la même nature que la mienne? Je ne le crois pas, et je ne déserterai pas mon opinion. Une salive saumâtre coule de ma bouche, je ne sais pas pourquoi. Qui veut me la sucer, afin que jen sois débarrassé? Elle monte elle monte toujours! Je sais ce que cest. Jai remarqué que, lorsque je bois à la gorge le sang de ceux qui se couchent à côté de moi cest à tort que lon me suppose vampire, puisquon appelle ainsi des morts qui sortent de leur tombeau ; or, moi, je suis un vivant, jen rejette le lendemain une partie par la bouche : voilà lexplication de la salive infecte. Que voulez-vous que jy fasse, si les organes, affaiblis par le vice, se refusent à laccomplissement des fonctions de la nutrition? Mais, ne révélez mes confidences à personne. Ce nest pas pour moi que je vous dis cela ; cest pour vous-même et les autres, afin que le prestige du secret retienne dans les limites du devoir et de la vertu ceux qui, aimantés par lélectricité de linconnu, seraient tentés de mimiter. comte de lautréamont beau comme la rencontre dIsidore Ducasse, qui ne sont pas à proprement parler comte de lautréamont beau comme la rencontre.