You have reached your viewing limit for this book. Cest en se découvrant lun lautre avec ses défauts, que lon va pouvoir se dévoiler à lautre, descendre de son piédestal et entrer dans une relation authentique. Etre attentif à loccasion-du reste je crois que jaurai une déception. Je ne crois pas que cela vaille Serge Panine, lidole de Mme De Crécy. Voilà au moins des sujets qui ont du fond, qui font réfléchir ; mais donner une recette de salade sur la scène du théâtre-français! Tandis que Serge Panine! Du reste, cest comme tout ce qui vient de la plume de Georges Ohnet, cest toujours si bien écrit. Je ne sais pas si vous connaissez le maître de forges que je préférerais encore à Serge Panine. Aussitôt renaît tout un monde disparu, et en particulier lapparition de la Dame en rose, Odette de Crécy, demi-mondaine quépousera M. Swann, voisin des parents du narrateur et lui-même modèle de lhomme du monde parisien. Et emportée par la sincérité de sa conviction, ne mettant dailleurs aucune mauvaise pensée sous ce mot quelle prenait seulement dans le sens où on lemploie pour parler de laffection qui unit des amis : CLÉDER, Jean, Ce que le cinéma fait de la littérature, Fabula LHT. Ce que le cinéma fait à la littérature et réciproquement, 2. En ligne.. Page consultée le 16 novembre 2015. Un jour il reçut une lettre anonyme, qui lui disait quOdette avait été la maîtresse dinnombrables hommes dont on lui citait quelques-uns parmi lesquels Forcheville, M. De Bréauté et le peintre, de femmes, et quelle fréquentait les maisons de passe. Il fut tourmenté de penser quil y avait parmi ses amis un être capable de lui avoir adressé cette lettre car par certains détails elle révélait chez celui qui lavait écrite une connaissance familière de la vie de Swann. Il chercha qui cela pouvait être. Mais il navait jamais eu aucun soupçon des actions inconnues des êtres, de celles qui sont sans liens visibles avec leurs propos. Et quand il voulut savoir si cétait plutôt sous le caractère apparent de M. De Charlus, de M. Des Laumes, de M. DOrsan, quil devait situer la région inconnue où cet acte ignoble avait dû naître, comme aucun de ces hommes navait jamais approuvé devant lui les lettres anonymes et que tout ce quils lui avaient dit impliquait quils les réprouvaient, il ne vit pas plus de raisons pour relier cette infamie plutôt à la nature de lun que de lautre. Celle de M. De Charlus était un peu dun détraqué, mais foncièrement bonne et tendre ; celle de M. Des Laumes un peu sèche, mais saine et droite. Quant à M. DOrsan, Swann navait jamais rencontré personne qui dans les circonstances même les plus tristes vînt à lui avec une parole plus sentie, un geste plus discret et plus juste. Cétait au point quil ne pouvait comprendre le rôle peu délicat quon prêtait à M. DOrsan dans la liaison quil avait avec une femme riche, et que chaque fois que Swann pensait à lui, il était obligé de laisser de côté cette mauvaise réputation inconciliable avec tant de témoignages certains de délicatesse. Un instant Swann sentit que son esprit sobscurcissait, et il pensa à autre chose pour retrouver un peu de lumière. Puis il eut le courage de revenir vers ces réflexions. Mais alors, après navoir pu soupçonner personne, il lui fallut soupçonner tout le monde. Après tout M. De Charlus laimait, avait bon cœur. Mais cétait un névropathe, peut-être demain pleurerait-il de le savoir malade, et aujourdhui par jalousie, par colère, sur quelque idée subite qui sétait emparée de lui, avait-il désiré lui faire du mal. Au fond, cette race dhommes est la pire de toutes. Certes, le prince des Laumes était bien loin daimer Swann autant que M. De Charlus. Mais à cause de cela même, il navait pas avec lui les mêmes susceptibilités ; et puis cétait une nature froide sans doute, mais aussi incapable de vilenies que de grandes actions ; Swann se repentait de ne sêtre pas attaché, dans la vie, quà de tels êtres. Puis il songeait que ce qui empêche les hommes de faire du mal à leur prochain, cest la bonté, quil ne pouvait au fond répondre que de natures analogues à la sienne, comme était, à légard du cœur, celle de M. De Charlus. La seule pensée de faire cette peine à Swann eût révolté celui-ci. Mais avec un homme insensible, dune autre humanité, comme était le prince des Laumes, comment prévoir à quels actes pouvaient le conduire des mobiles dune essence différente. Avoir du cœur, cest tout, et M. De Charlus en avait M. DOrsan nen manquait pas non plus, et ses relations cordiales mais peu intimes avec Swann, nées de lagrément que, pensant de même sur tout, ils avaient à causer ensemble, étaient de plus de repos que laffection exaltée de M. De Charlus, capable de se porter à des actes de passion, bons ou mauvais. Sil y avait quelquun par qui Swann sétait toujours senti compris et délicatement aimé, cétait par M DOrsan. Oui, mais cette vie peu honorable quil menait? Swann regrettait de nen avoir pas tenu compte, davoir souvent avoué en plaisantant quil navait jamais éprouvé si vivement des sentiments de sympathie et destime que dans la société dune canaille. Ce nest pas pour rien, se disait-il maintenant, que depuis que les hommes jugent leur prochain, cest sur les actes. Il ny a que cela qui signifie quelque chose, et nullement ce que nous disons, ce que nous pensons. Charlus et des Laumes peuvent avoir tels ou tels défauts, ce sont dhonnêtes gens. Orsan nen a peut-être pas, mais ce nest pas un honnête homme. Il a pu mal agir une fois de plus. Puis Swann soupçonna Rémi, qui il est vrai naurait pu quinspirer la lettre, mais cette piste lui parut un instant la bonne. Dabord Lorédan avait des raisons den vouloir à Odette. Et puis comment ne pas supposer que nos domestiques, vivant dans une situation inférieure à la nôtre, ajoutant à notre fortune et à nos défauts des richesses et des vices imaginaires pour lesquels ils nous envient et nous méprisent, se trouveront fatalement amenés à agir autrement que des gens de notre monde? Il soupçonna aussi mon grand-père. Chaque fois que Swann lui avait demandé un service, ne le lui avait-il pas toujours refusé? puis avec ses idées bourgeoises il avait pu croire agir pour le bien de Swann. Celui-ci soupçonna encore Bergotte, le peintre, les Verdurin, admira une fois de plus au passage la sagesse des gens du monde de ne pas vouloir frayer avec ces milieux artistes où de telles choses sont possibles, peut-être même avouées sous le nom de bonnes farces ; mais il se rappelait des traits de droiture de ces bohèmes, et les rapprocha de la vie dexpédients, presque descroqueries, où le manque dargent, le besoin de luxe, la corruption des plaisirs conduisent souvent laristocratie. Bref cette lettre anonyme prouvait quil connaissait un être capable de scélératesse, mais il ne voyait pas plus de raison pour que cette scélératesse fût cachée dans le tuf inexploré dautrui du caractère de lhomme tendre que de lhomme froid, de lartiste que du bourgeois, du grand seigneur que du valet. Quel critérium adopter pour juger les hommes? au fond il ny avait pas une seule des personnes quil connaissait qui ne pût être capable dune infamie. Fallait-il cesser de les voir toutes? Son esprit se voila ; il passa deux ou trois fois ses mains sur son front, essuya les verres de son lorgnon avec son mouchoir, et, songeant quaprès tout, des gens qui le valaient fréquentaient M. De Charlus, le prince des Laumes, et les autres, il se dit que cela signifiait, sinon quils fussent incapables dinfamie, du moins que cest une nécessité de la vie à laquelle chacun se soumet de fréquenter des gens qui nen sont peut-être pas incapables. Et il continua à serrer la main à tous ces amis quil avait soupçonnés, avec cette réserve de pur style quils avaient peut-être cherché à le désespérer. Quant au fond même de la lettre, il ne sen inquiéta pas, car pas une des accusations formulées contre Odette navait lombre de vraisemblance. Swann comme beaucoup de gens avait lesprit paresseux et manquait dinvention. Il savait bien comme une vérité générale que la vie des êtres est pleine de contrastes, mais pour chaque être en particulier, il imaginait toute la partie de sa vie quil ne connaissait pas comme identique à la partie quil connaissait. Il imaginait ce quon lui taisait à laide de ce quon lui disait. Dans les moments où Odette était auprès de lui, sils parlaient ensemble dune action indélicate commise, ou dun sentiment indélicat éprouvé par un autre, elle les flétrissait en vertu des mêmes principes que Swann avait toujours entendu professer par ses parents et auxquels il était resté fidèle ; et puis elle arrangeait ses fleurs, elle buvait une tasse de thé, elle sinquiétait des travaux de Swann. Donc Swann étendait ces habitudes au reste de la vie dOdette, il répétait ces gestes quand il voulait se représenter les moments où elle était loin de lui. Si on la lui avait dépeinte telle quelle était, ou plutôt quelle avait été si longtemps avec lui, mais auprès dun autre homme, il eût souffert, car cette image lui eût paru vraisemblable. Mais quelle allât chez des maquerelles, se livrât à des orgies avec des femmes, quelle menât la vie crapuleuse de créatures abjectes, quelle divagation insensée à la réalisation de laquelle, Dieu merci, les chrysanthèmes imaginés, les thés successifs, les indignations vertueuses ne laissaient aucune place. Seulement de temps à autre, il laissait entendre à Odette que, par méchanceté, on lui racontait tout ce quelle faisait ; et, se servant à propos dun détail insignifiant mais vrai, quil avait appris par hasard, comme sil était le seul petit bout quil laissât passer malgré lui, entre tant dautres, dune reconstitution complète de la vie dOdette quil tenait cachée en lui, il lamenait à supposer quil était renseigné sur des choses quen réalité il ne savait ni même ne soupçonnait, car si bien souvent il adjurait Odette de ne pas altérer la vérité, cétait seulement, quil sen rendît compte ou non, pour quOdette lui dît tout ce quelle faisait. Sans doute, comme il le disait à Odette, il aimait la sincérité, mais il laimait comme une proxénète pouvant le tenir au courant de la vie de sa maîtresse. Aussi son amour de la sincérité, nétant pas désintéressé, ne lavait pas rendu meilleur. La vérité quil chérissait cétait celle que lui dirait Odette ; mais lui-même, pour obtenir cette vérité, ne craignait pas de recourir au mensonge, le mensonge quil ne cessait de peindre à Odette comme conduisant à la dégradation toute créature humaine. En somme il mentait autant quOdette parce que, plus malheureux quelle, il nétait pas moins égoïste. Et elle, entendant Swann lui raconter ainsi à elle-même des choses quelle avait faites, le regardait dun air méfiant, et, à toute aventure, fâché, pour ne pas avoir lair de shumilier et de rougir de ses actes. Tiens, vous voilà, mais il y a des éternités quon ne vous a vu, dit à Swann le général qui, remarquant ses traits tirés et en concluant que cétait peut-être une maladie grave qui léloignait du monde, ajouta : Vous avez bonne mine, vous savez! pendant que M. De Bréauté demandait : Sous le couvert des remémorations dun homme qui se réveille la textimage-Thomas Carrier-Lafleur et Guillaume Lavoie-3 Gilberte, nous lavons vu, avait voulu éviter un conflit avec sa tante au sujet de. Elle avait bien fait : Haut il nétait déjà pas facile de prendre devant la défense de la fille dOdette, tant son animosité était grande, et cela parce que la manière nouvelle dont la duchesse mavait dit être trompée, était la manière dont le duc la trompait, si extraordinaire que cela pût paraître à qui savait lâge dOdette, avec Mme de Forcheville. Il est vrai quun jour Forcheville avait demandé à être ramené en même temps, mais comme, arrivé devant la porte dOdette, il avait sollicité la permission dentrer aussi, Odette lui avait répondu en montrant Swann : Ah! cela dépend de ce monsieur-là, demandez-lui. Enfin, entrez un moment si vous voulez, mais pas longtemps, parce que je vous préviens quil aime causer tranquillement avec moi, et quil naime pas beaucoup quil y ait des visites quand il vient. Ah! si vous connaissiez cet être-là autant que je le connais ; nest-ce pas, my love, il ny a que moi qui vous connaisse bien? Mais on dit toujours lesprit des Guermantes, je nai jamais pu comprendre pourquoi. Vous en connaissez donc dautres qui en aient, ajouta-t-elle dans un éclat de rire écumant et joyeux, les traits de son visage concentrés, accouplés dans le réseau de son animation, les yeux étincelants, enflammés dun ensoleillement radieux de gaîté que seuls avaient le pouvoir de faire rayonner ainsi les propos, fussent-ils tenus par la princesse elle-même, qui étaient une louange de son esprit ou de sa beauté. Tenez, voilà Swann qui a lair de saluer votre Cambremer ; là il est à côté de la mère Saint-Euverte, vous ne voyez pas! Demandez-lui de vous présenter. Mais dépêchez-vous, il cherche à sen aller! On peut noter lénumération et répétition : mauvaise mine, mauvaise humeur. Tout en lisant ce roman, on se rend compte que Proust était un enfant maladif, gâté dune certaine manière, un enfant de la vie bourgeoise qui soccupe de la lecture comme des petits travaux quotidiens où senlise sa vie frêle et agitée à cause dune tristesse collante au point quon ose prendre la résolution quelle était née avec lui et laccompagnera pendant toute sa vie. Les prémices de sa vie, où sa mère jouait un rôle remarquable, cette mère qui avait donné lhabitude à son enfant de ne dormir quavant de la sentir un petit moment éternel dans ses bras. On navait jamais vu un tel amour, un amour pris comme une nécessité dans la vie de cet enfant à qui on ne permettait même pas de rester à table toute la durée du diner, on lordonnait de regagner son lit dès la dernière cuillère de son plat qi ne sachève jamais. Ce qui dépare lindulgence de sa mère, cétait son père qui savérait sévère avec lui, au point que cet enfant navait jamais osé adresser la parole à son père quaprès un âge un peu mur, lâge où lhomme commence à se dire quil faut quil ait un certain impact dans la vie réelle. Vous ne serez pas malade cette fois-ci, vous verrez, dit-il en cherchant à la suggestionner du regard. Et si vous êtes malade nous vous soignerons. Un mois après le jour où il avait lu la lettre adressée par Odette à Forcheville, Swann alla à un dîner que les Verdurin donnaient au Bois. Au moment où on se préparait à partir, il remarqua des conciliabules entre M me Verdurin et plusieurs des invités et crut comprendre quon rappelait au pianiste de venir le lendemain à une partie à Chatou ; or, lui, Swann, ny était pas invité. Note: Always review your references and make any necessary corrections before using. Pay attention to names, capitalization, and dates. Il sagit dans loeuvre de de la deuxième partie du premier volume de la recherche. Respectivement : qui fait partie de. Swann na tout dabord que peu dattrait pour Odette de Crécy, cette demi-mondaine rencontrée un jour au théâtre et régulièrement retrouvée dans le salon de Mme Verdurin où la sottise se joint au snobisme. Tandis que lon y joue Botticelli,, détail, Chapelle Sixtine de face, Zephora, la fille de Jethro Cest dans lexaltation provoquée par la musique quil va focaliser Un seul adjectif positif, beaux désigne les yeux, suivi toutefois directement de la conjonction de coordination mais.